Le
Dénombrement de la population.
Journal
de Condé, dimanche 19 Février 1911.
Une
famille condéenne.
A
20 heures 30, le 13 février 1911, la séance du conseil municipal,
convoqué en session ordinaire pas le maire, Monsieur Guillouet,
s'ouvre sur les fonds disponibles de l'exercice 1911.
En
effet, les frais du recensement quinquennal de la population,
obligatoire et qui doit se dérouler le 5 mars, est à la charge de
la commune. Après un court débat, le conseil approuve l'ouverture
d'un crédit de 1.000 francs. Cette somme permettra au maire de payer
immédiatement les frais nécessaires (imprimés et salaires
principalement) avant l'établissement d'un budget additionnel.
Comme
le fixe le décret présidentiel, la commune doit déposer avant le 4
mars, et dans chaque foyer, des formulaires afin que les habitants
les remplissent avant le 5 mars. Les agents recenseurs repassent dès
le lundi 6 mars ramasser les formulaires et vérifier s'ils sont
correctement rempli. Au besoin, l'agent rectifie ou le rempli pour
les gens illettrés. Il vérifie si la profession est indiqué, le
nom de la rue (ou du lieudit) correctement mentionné, ainsi que le
numéro de la maison, le nombre de ménage vivant dans cette maison
et le nombre d'individu dans le ménage, sachant que les domestiques
à demeure sont comptabilisé dans la composition du ménage.
Le
recenseur ne s'embarrasse pas du politiquement correct : Une femme
marié qui ne travaille pas est « occupée au ménage »,
un handicapé mental est idiot, ou sénile, selon l'âge, un pauvre
et sans emploi est indigent. Il fait preuve néanmoins de délicatesse
pour certaine personne : Une personne aisé et âgé sera
propriétaire, un ouvrier âgé qui vit de sa maigre retraite sera
défini comme rentier. Le recensement de la ville est clos, comme
l'atteste la signature du maire, le 1er avril.
On
remarque, en parcourant le recensement de 1911, que les familles
composées de plus de trois enfants sont monnaie courante à Condé.
Mais, contrairement aux idées reçue, les familles nombreuses sont
plutôt rares et on les trouve principalement dans le milieu ouvrier,
à l'exemple des deux familles de journaliers de la rue Saint-Martin
: Celle d'Émile Marie qui a 11 enfants (de 14 ans à 15 mois) et la
famille Mesnier qui a 10 enfants.
Condé
compte son maximum d'habitants en 1876 avec 7.350 habitants. Entre
1876 et 1911, alors qu'au niveau national on constate une croissance
(5, 64%), la décroissance démographique de Condé se poursuit
inexorablement, la ville ayant perdu plus de 23,76% de sa population
depuis 1876, à l'image du département (-12,98 %).
Au
recensement de 1911, on ne compte plus que 5.604 habitants alors que
Condé en avait 6.663 en 1896, 6.591 en 1901 et 6.247 en 1906 . On
dénombre 1.197 bâtiments d'habitations (1.297 en 1906), 1814
ménages (2.026 en 1906). On constate aussi une baisse des
naissances, 90 enfants de moins d'un an , contre 100 au recensement
de 1906. Les décès ont aussi augmenté puisqu'on compte 698
personnes de plus de 60 ans, contre 726 en 1906.
La
ville et son industrie n'attirent plus et le manque de travail et la
crise ont vidé la ville. Cette impression semble confirmée par la
chute de l'immigration : Alors que l'on comptait 36 étrangers en
1872, le nombre tombe à 36 en 1901, 16 en 1906 et à 10 en 1911.
Tout
malheur ayant du bon, cela permettra à la ville d'améliorer
l'urbanisme puisqu'elle décide, cette année là, de détruire des
habitations insalubres ou trop vétustes, comme ce sera le cas Place
de l'Ancienne Halle qui se trouvera agrandie et embellie par la
destruction de trois ou quatre maisons.
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