Le
funambule roulant.
Source
principale : « Les cascades d'une vie », Moustache,
2007.
Les
moins de 20 ans connaissent probablement le funambule roulant grâce
aux multidiffusions de Fantomas où l'on voit Sunny doubler Jean
Marais au volant d'une Présidence, sur deux roues et sans freins.
Mais beaucoup, quelque soit leur âge, ignorent que la carrière de
ce cascadeur a pris de l’ampleur grâce à son passage à Condé.
En effet, Jean Moussali,
fils de dentiste, s'installe en 1950, avec sa famille, à l’Absie
(Deux-Sèvres).
Jean, son épouse et son frère se lancent dans la bonneterie. En
1954, il assiste à une représentation de « l’Hollywood
Auto Rodéo », spectacle de
cascades automobiles bon enfant : dérapages, conduite en zig-zag,
évitements. Il se dit qu'il serait capable d’en faire autant et
même faire mieux que cela! Avec sa voiture personnelle, une Aronde
Simca, il s’entraine sur un vélodrome désaffecté et devient le
premier en Europe à rouler sur deux roues grâce à un de ses
bricolages qui consiste à, d'une part bloquer le différentiel et
d'autre part à surgonfler les pneus. Parvenu à ce qu'il espérait,
il fonde « l’Europe
Auto-rodéo » et donne son
premier spectacle : la légende Jean Sunny est né.
Rapidement,
Sunny se rend compte que, pour que son spectacle soit rentable (même
les épaves de voitures ont un prix !),
il doit se faire parrainer (sponsoriser
n'était pas encore un mot en usage)
par sa marque fétiche : Simca.
Au
début de sa tournée 59, il rencontre un inspecteur technique de
Simca à qui il expose les problèmes mécaniques auxquels il est
confronté. Voyant l'intérêt qu'il porte à ces Simca et son désir
d'améliorer certains détails techniques, l'inspecteur décide de
plaider sa cause auprès de la firme de Poissy. Reste à faire parler
de lui. Il décide donc de battre le record du monde d'une voiture
sur deux roues et c'est à Condé qu'il décide de réaliser son
exploit.
Pour
avoir le maximum de publicité, il convoque aussi les radios et Pathé
Actualité pour immortaliser son exploit. Toutes ses prestations
« d'équilibre »
sont alors effectuées avec sa vieille Versaille Simca (moteur
V8 Ford « Aquilon » de 2 351 cm3
à soupapes latérales qui développe 80 ch à 4 400 tr/min).
Ce jour-là , le 9 avril, dans la rue du Champ-de-Foire, il effectue
les 450 m de la descente, battant ce jour là son ancien record de
371 m 60.
Toute la presse s'empare
de l'événement. Des responsables de la promotion de Simca sont
enthousiastes et décident de se rendre à Condé. Le 3 mai, face
aux grands pontes de la communication de la marque, Sunny renouvelle
sa performance rue du Champ de Foire au volant d'une Ariane toute
neuve, fournie par Simca.
Sunny,
qui est un précurseur du spectacle automobile mais aussi un homme
d'affaire, n'a pas oublié de convier aussi les responsables
publicitaires des pneus Kleber-Colombe, du pétrolier Shell et de la
marque d'autoradio Arel dont le slogan est alors martelé chaque jour
« Avec Arel, la route est belle ».
Si
les Condéens trouvent là une façon originale d'économiser les
pneus, ils sont par contre peu nombreux à vouloir être passagers de
Sunny !
Sunny
a gagné son pari condéen : Simca lui fournira tous les trois
mois six voitures neuves et un camion de pièces détachées en
échange de quoi l'équipe Sunny devra faire la promotion de la
marque en maltraitant des Ariane en public tout en démontrant leur
robustesse. C'est le début de huit années d'événements
publicitaires avec Simca, Kleber, Arel et Shell.
Un
mois après Condé, le 14 juin 1959, Jean Sunny fait une descente
spectaculaire des Champs-Elysées sur deux roues avec une Simca
Ariane.
Le
6 février 1960, la millionième Aronde tombe des chaînes de montage
de Poissy. En effet, pilotée par Jean Sunny, elle décolle d'un
tremplin et crève symboliquement le mur du million tendu par les
jeunes apprentis de chez Simca. En novembre 1962, il relie
Paris-Chartres sur deux roues avec la toute nouvelle Simca 1000
totalisant ainsi 95 km. Puis Simca l'envoie au Brésil en 1964 où
sur le circuit d'Interlagos, il bat un premier record de vitesse sur
deux roues à 81 km/h, suivi d'un nouveau record en 1968 à 125 km/h
au volant d'une Beaulieu. En 1965, pour l'émission « les
coulisses de l'exploit », commentée
par Michel Drucker, il descend les 11 km du col de la Faucille, dans
le Jura, avec une Ariane sur deux roues.
C'est
aussi vers cette époque qu'il met le pied à l'étrier à un jeune
champion du moto-cross : Rémy Julienne qui débute sa carrière
de cascadeur dans le film Fantômas en 1964. Par la suite, Julienne
deviendra le cascadeur du cinéma et réglera les cascades pour les
films : La Grande Vadrouille, Le Casse, Les Aventures de Rabbi Jacob,
Taxi, L'As des as, Le Gendarme se marie, La Coccinelle à Monte-Carlo
mais aussi dans plusieurs James Bond tels que Octopussy, Permis de
tuer ou encore les Taxi de Besson.
Il
invente le « Saut de la Mort »
qui consiste à lancer une voiture à plus de 100 km/h sur un grand
tremplin. La voiture s'enflamme et retombe 50 m plus loin sur un
tapis d'épaves, accomplissant souvent des rebonds incroyables. Dans
les année 70, trois équipes de cascadeurs tournent toute l'année
sous l'enseigne Jean Sunny ! Le célèbre cascadeur et précurseur de
bien des acrobaties automobiles périlleuses est mort, lundi 27 août
2007, des suites d'un cancer, au centre hospitalier de Gonesse,Val
d'Oise.
Il
existe un film sur cet exploit réalisé à Condé. Il est
malheureusement onéreux et n'est visible que par des professionnels
de l'audiovisuel et du cinéma (Pathé
Actualité, « France : l'acrobatie et l'automobile »,
1959, réf : 5919GJ00007/213190).
Merci de contacter Cyprien Philippe la Médiathèque de Condé-sur-Noireau si
vous possédez des photos et/ou documents à ce sujet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire