lundi 24 septembre 2012

Le funambule roulant.
Source principale : « Les cascades d'une vie », Moustache, 2007.
 
 
 
 
 

Les moins de 20 ans connaissent probablement le funambule roulant grâce aux multidiffusions de Fantomas où l'on voit Sunny doubler Jean Marais au volant d'une Présidence, sur deux roues et sans freins. Mais beaucoup, quelque soit leur âge, ignorent que la carrière de ce cascadeur a pris de l’ampleur grâce à son passage à Condé.
 
 
 
En effet, Jean Moussali, fils de dentiste, s'installe en 1950, avec sa famille, à l’Absie (Deux-Sèvres). Jean, son épouse et son frère se lancent dans la bonneterie. En 1954, il assiste à une représentation de « l’Hollywood Auto Rodéo », spectacle de cascades automobiles bon enfant : dérapages, conduite en zig-zag, évitements. Il se dit qu'il serait capable d’en faire autant et même faire mieux que cela! Avec sa voiture personnelle, une Aronde Simca, il s’entraine sur un vélodrome désaffecté et devient le premier en Europe à rouler sur deux roues grâce à un de ses bricolages qui consiste à, d'une part bloquer le différentiel et d'autre part à surgonfler les pneus. Parvenu à ce qu'il espérait, il fonde « l’Europe Auto-rodéo » et donne son premier spectacle : la légende Jean Sunny est né.
Rapidement, Sunny se rend compte que, pour que son spectacle soit rentable (même les épaves de voitures ont un prix !), il doit se faire parrainer (sponsoriser n'était pas encore un mot en usage) par sa marque fétiche : Simca.
Au début de sa tournée 59, il rencontre un inspecteur technique de Simca à qui il expose les problèmes mécaniques auxquels il est confronté. Voyant l'intérêt qu'il porte à ces Simca et son désir d'améliorer certains détails techniques, l'inspecteur décide de plaider sa cause auprès de la firme de Poissy. Reste à faire parler de lui. Il décide donc de battre le record du monde d'une voiture sur deux roues et c'est à Condé qu'il décide de réaliser son exploit.
Pour avoir le maximum de publicité, il convoque aussi les radios et Pathé Actualité pour immortaliser son exploit. Toutes ses prestations « d'équilibre » sont alors effectuées avec sa vieille Versaille Simca (moteur V8 Ford « Aquilon » de 2 351 cm3 à soupapes latérales qui développe 80 ch à 4 400 tr/min). Ce jour-là , le 9 avril, dans la rue du Champ-de-Foire, il effectue les 450 m de la descente, battant ce jour là son ancien record de 371 m 60.
Toute la presse s'empare de l'événement. Des responsables de la promotion de Simca sont enthousiastes et décident de se rendre à Condé. Le 3 mai, face aux grands pontes de la communication de la marque, Sunny renouvelle sa performance rue du Champ de Foire au volant d'une Ariane toute neuve, fournie par Simca.
Sunny, qui est un précurseur du spectacle automobile mais aussi un homme d'affaire, n'a pas oublié de convier aussi les responsables publicitaires des pneus Kleber-Colombe, du pétrolier Shell et de la marque d'autoradio Arel dont le slogan est alors martelé chaque jour « Avec Arel, la route est belle ».
Si les Condéens trouvent là une façon originale d'économiser les pneus, ils sont par contre peu nombreux à vouloir être passagers de Sunny !
Sunny a gagné son pari condéen : Simca lui fournira tous les trois mois six voitures neuves et un camion de pièces détachées en échange de quoi l'équipe Sunny devra faire la promotion de la marque en maltraitant des Ariane en public tout en démontrant leur robustesse. C'est le début de huit années d'événements publicitaires avec Simca, Kleber, Arel et Shell.





 
 

Un mois après Condé, le 14 juin 1959, Jean Sunny fait une descente spectaculaire des Champs-Elysées sur deux roues avec une Simca Ariane.

Le 6 février 1960, la millionième Aronde tombe des chaînes de montage de Poissy. En effet, pilotée par Jean Sunny, elle décolle d'un tremplin et crève symboliquement le mur du million tendu par les jeunes apprentis de chez Simca. En novembre 1962, il relie Paris-Chartres sur deux roues avec la toute nouvelle Simca 1000 totalisant ainsi 95 km. Puis Simca l'envoie au Brésil en 1964 où sur le circuit d'Interlagos, il bat un premier record de vitesse sur deux roues à 81 km/h, suivi d'un nouveau record en 1968 à 125 km/h au volant d'une Beaulieu. En 1965, pour l'émission « les coulisses de l'exploit », commentée par Michel Drucker, il descend les 11 km du col de la Faucille, dans le Jura, avec une Ariane sur deux roues.

C'est aussi vers cette époque qu'il met le pied à l'étrier à un jeune champion du moto-cross : Rémy Julienne qui débute sa carrière de cascadeur dans le film Fantômas en 1964. Par la suite, Julienne deviendra le cascadeur du cinéma et réglera les cascades pour les films : La Grande Vadrouille, Le Casse, Les Aventures de Rabbi Jacob, Taxi, L'As des as, Le Gendarme se marie, La Coccinelle à Monte-Carlo mais aussi dans plusieurs James Bond tels que Octopussy, Permis de tuer ou encore les Taxi de Besson.
 
 
 

Il invente le « Saut de la Mort » qui consiste à lancer une voiture à plus de 100 km/h sur un grand tremplin. La voiture s'enflamme et retombe 50 m plus loin sur un tapis d'épaves, accomplissant souvent des rebonds incroyables. Dans les année 70, trois équipes de cascadeurs tournent toute l'année sous l'enseigne Jean Sunny ! Le célèbre cascadeur et précurseur de bien des acrobaties automobiles périlleuses est mort, lundi 27 août 2007, des suites d'un cancer, au centre hospitalier de Gonesse,Val d'Oise.

Il existe un film sur cet exploit réalisé à Condé. Il est malheureusement onéreux et n'est visible que par des professionnels de l'audiovisuel et du cinéma (Pathé Actualité, « France : l'acrobatie et l'automobile », 1959, réf : 5919GJ00007/213190). Merci de contacter Cyprien Philippe la Médiathèque de Condé-sur-Noireau si vous possédez des photos et/ou documents à ce sujet.


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